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La maîtrise insuffisante des savoirs de base peut-elle être un obstacle à l’intégration au marché du travail ?

23 juillet 2013

La nouvelle publication de la DARES2013-045 nous présente la corrélation entre le niveau de maîtrise des savoirs de base et l’intégration au marché du travail. Cette étude se base sur l’enquête "Information et Vie Quotidienne" (IVQ) réalisée par l’INSEE en France métropolitaine d’octobre 2011 à janvier 2012, auprès de 13700 individus âgés de 16 à 65 ans et en situation d’être sur le marché du travail. L’enquête démontre que 16% des personnes rencontrées ont eu de mauvais résultats concernant leurs niveaux de compétences à l’écrit, à l’oral et en calcul. Parmi elles, 67% travaillent, 13% sont au chômage et 20% sont inactives.

58% des personnes interrogées, dont 21% au chômage et 37% inactives, affirment rencontrer des difficultés concernant les domaines de l’écrit (lecture de mots, production de mots écrits et compréhension de textes simples). Près de la moitié des personnes qui ont des difficultés à l’écrit en ont aussi en calcul, et sur l’ensemble de la population en situation d’être sur le marché du travail 7% cumulent les 2 types de handicap, soit 5 % des actifs occupés, 9% des chômeurs et 19 % des inactifs. Si les chiffres ne varient pas selon le sexe, ils évoluent avec l’âge.  En effet, 35% des adultes de plus de 50 ans en situation d’être sur le marché du travail sont concernés par ces difficultés, et ils sont 43% à être au chômage.
Maîtriser insuffisamment les savoirs de base n’empêche ni de travailler, ni d’avoir des compétences, ni d’avoir accès à des contrats durables. Cependant, cela accroit la probabilité d’accéder à des emplois peu qualifiés. En effet, 64% des actifs occupés connaissant de telles problématiques sont ouvriers. Par ailleurs, 79% de ces personnes sont employées dans des entreprises privées ou dans des associations, et elles sont seulement 5% à être salariées par l’Etat.

La formation initiale apparait comme un facteur déterminant dans la maîtrise des savoirs de base. En effet, plus le niveau d’études est faible plus les difficultés sont importantes : 45% des adultes connaissant de telles difficultés n’ont jamais été diplômés, et 5 % n’ont jamais été scolarisés.

L’accès à la formation continue est également problématique pour ces personnes, car il est souvent lié à une bonne maîtrise de l’écrit (manipulation de documents, lecture, productions écrites, pré-requis…). Seulement 34% d’entre elles déclarent avoir suivi une ou plusieurs formations dans les 5 dernières années, contre 59% pour celles ne connaissant aucune difficulté dans ce domaine. De manière générale, les actifs occupés se forment plus que les chômeurs (respectivement 41% et 32%), et les inactifs sont ceux qui se forment le moins, quelque soit leur niveau de maîtrise de l’écrit (moins de 20%).
Parmi les personnes maîtrisant de manière insuffisante les savoirs de base, et qui ont suivi une formation au cours des 5 dernières années, 37% ont bénéficié des stages visant à les aider à mieux faire leur travail ou à augmenter leur perspective de carrière. 33% ont été formées pour trouver un emploi ou pour changer d’emploi. Par contre, peu d’entre elles ont suivi des formations dans le but d’améliorer (8%) ou d’acquérir de nouvelles compétences ou connaissances (10%).
 
De manière globale, il ressort de l’étude IVQ de l’INSEE que les difficultés face à l’écrit, à l'oral et au calcul sont en partie liées au sexe, à l’âge, au lieu de scolarisation et au niveau de diplôme. Etre dans une telle situation n’accroit pas la probabilité d’être au chômage mais renforce cependant celle d’être inactif et d’avoir des expériences professionnelles à durées limitées (moins de 3 mois) et, en cela,  "la maîtrise imparfaite de l’écrit et de la lecture apparait alors comme un facteur d’exclusion professionnelle durable".
Le développement du recours à l’écrit et à l’informatique dans tous les milieux professionnels (consignes, modes opératoires, bordereaux, notices, messageries…) tend à devenir de plus en plus problématique pour ces personnes rencontrant déjà des difficultés dans leur maîtrise des compétences de base. 23% d'entre elles expriment clairement leur envie ou leur besoin de suivre un stage, parmi lesquelles 43% sont à la recherche d’un emploi.
 

Les dispositifs existants de type Compétences clés ou Emplois d'Avenir ont pour ambition d’apporter des solutions à cette problématique. La déclaration de l’Illettrisme comme grande cause nationale 2013 vise à sensibiliser sur ce sujet méconnu et appuie la volonté de l’Etat de lutter contre ce phénomène porteur d’exclusion sociale et professionnelle.