Dans le cadre des travaux lancés lors du séminaire qualité en mai 2013 sur l’évolution des missions et métiers des entreprises du réseau COORACE, le service Recherche & Innovation sociale de la fédération a initié un cycle de visites apprenantes. Ainsi, la troisième de ces visites a eu lieu le 13 mars à Aubigny sur Nère (18), dans un ensemblier fonctionnant selon une organisation par pôles.
Une douzaine de représentants du réseau ont participé à cette visite : des administrateur-trice-s-, directeur-trice-s et salarié-e-s dont une salariée en parcours de cinq entreprises du réseau (PORTE OUVERTE EMPLOIS et BAC BRESSUIRE dans les Deux-Sèvres, INITIATIVES EMPLOIS dans le Maine et Loire, SOLIDARITÉ EMPLOI GÂTINAIS dans le Loiret, DÉFI EMPLOI dans les Hautes-Pyrénées) et des animateurs du réseau COORACE. Ensemble, ils ont découvert cet ensemblier implanté sur un territoire très rural, présenté par son directeur (Renaud Chenon) et plusieurs de ses administrateur-trice-s et salarié-e-s.
Les visiteurs, eux-mêmes investis dans des projets de création et de diversification d’activités sur leurs territoires, y compris au-delà de l’IAE, se questionnaient sur l’évolution de leurs modèles d’entreprises et notamment sur la place du conventionnement AI au sein de nouvelles structurations sous forme de GES.
L’ensemblier d’Aubigny Sur Nère regroupe les entreprises suivantes :
- l’Entraide du Bassin d’Emploi (E.B.E.) qui porte un conventionnement association intermédiaire (AI) et un atelier et chantier d’insertion (ACI)
- ISA, une entreprise de travail temporaire d’insertion (ETTI)
- ISA Intérim, une entreprise de travail temporaire à vocation sociale (ETT ESS)
C’est l’Entraide qui a créé l’ETTI puis l’ETT ESS, afin de compléter son offre au service des parcours sur le territoire.
Mais, entre 2002 et 2009, des stratégies concurrentielles ont émergé entre les trois associations intervenant sur le champ de la mise à disposition faute de positionnements commerciaux suffisamment clarifiés et complémentaires. En 2009, les conseils d’administration actent l’union, avec une seule direction et présidence, et engagent le processus de structuration en groupe économique solidaire (GES). Cette décision était alors perçue comme la seule solution pour que les structures continuent à cohabiter. Il est intéressant de noter que la démarche Qualité CEDRE a fait avancer la structuration en ensemblier dès lors qu'elle a facilité les travaux communs et le partage de valeurs entre administrateur-trice-s et salarié-e-s.
Focus sur le fonctionnement par pôles
A partir de 2009, la structuration de l’ensemblier en pôles transverses permet de travailler sur les fonctions clefs partagées et sur leurs complémentarités :
- le pôle direction assure une mise en œuvre cohérente de la stratégie des associations par rapport à leur offre de service
- le pôle accueil s'adresse à l'ensemble des personnes en recherche d'emploi, partenaires et clients
- le pôle administratif intègre la comptabilité et l'administratif pour l'ensemble des associations
- le pôle accompagnement est dédié à l’accompagnement socio professionnel et à la résolution des problématiques sociales en lien avec les autres acteurs du territoire
- le pôle gestion des offres et des candidatures est en charge de la gestion et du suivi des missions et des engagements professionnels
- le pôle développement s'attache à assurer la démarche commerciale et une action pro-active de diagnostic territorial et des compétences auprès des clients et des prospects
Avec cette nouvelle organisation, les métiers des salarié-e-s permanent-e-s évoluent : les chargé-e-s d’insertion professionnelle deviennent des spécialistes du développement, de l’accompagnement social, de la mise à la disposition, etc.
L’organisation par pôle n’est pas encore finalisée et nécessitera certainement encore des ajustements.
Plus largement, c’est l’aboutissement de la structuration en GES que recherche aujourd’hui l’ensemblier : se doter d’un nom actant une identité commune et identifier la structuration juridique et fiscale adaptée à son projet.
Quelles sont les premiers résultats de ces évolutions ?
- la communication par structure a disparu pour laisser place à une communication par offre de services : maraîchage biologique, prestation, mise à disposition et conseil. Cela renforce la lisibilité pour l’extérieur et facilite le démarchage commercial
- une relation de confiance mutuelle s’est instaurée entre les salarié-e-s et administrateur-trice-s, grâce à la formation action CEDRE puis aux groupes de travail qui ont suivi dans le cadre d’accompagnement externes sur l’offre de services et sur la communication. Ce mode de fonctionnement se poursuit désormais en interne sur différents axes de travail
- l’ACI et son activité de maraîchage s’est révélée être une formidable « vitrine » pour l’ensemblier. Alors que l’activité de maraîchage représente le plus petit chiffre d’affaires, elle est essentielle à l’ensemblier en termes de communication : des produits peuvent être présentés à des journalistes, prospects, partenaires…
L’ensemblier se présente désormais comme un acteur social et économique incontournable sur le territoire, et est reconnu en tant que tel. Cette posture entrepreneuriale s’appuie sur une capacité à générer des propositions opérationnelles pour le développement du territoire, à engager des coopérations d’ampleur avec des entreprises (allant de l’artisanat local au grand groupe WILO implanté sur le territoire) et à prendre des risques.
Quelles réflexions, quels projets à court et long terme ?
- la création du GES et le déploiement d’outils de communication (lancement d’un site internet)
- l’évaluation et la valorisation de l’utilité sociale territoriale du GES (un travail engagé avec l’accompagnement du COORACE Centre-Limousin, dans le cadre d’un chantier national initié par le service Recherche & Innovation sociale du COORACE National)
- l’élargissement de son offre de services, notamment en vue de déployer des activités et propositions pour répondre à la problématique des personnes qui n’accèdent pas à l’emploi sur le territoire à l’issue d’un parcours dans l’IAE.
À noter : l’ensemblier a engagé une coopération avec Solidarité Emploi Gâtinais, une autre entreprise adhérente conventionnée AI située à 50 kilomètres. Ce partenariat est axé sur la mutualisation d’outils (par exemple le plan d’action commercial) et sur les passerelles entre une AI et une ETTI.
En synthèse
La plupart des participants constatent qu’une SIAE ne peut plus fonctionner seule sur son territoire, que l’élargissement des finalités et la diversification des activités sont nécessaires et que la structuration en GES devient incontournable. Ces évolutions induisent un besoin important de professionnalisation des salarié-e-s, en étroite relation avec les administrateur-trice-s, afin de faire évoluer le projet tout en restant fidèles aux valeurs fondatrices de nos entreprises.