Coorace était présent, Mardi 19 octobre 2021, à la rencontre organisée par Madame la Ministre déléguée à l'insertion, Brigitte Klinkert et les réseaux de l'IAE pour aborder les difficultés de recrutement dans l'IAE.
Madame la Ministre est dans un premier temps revenue sur les derniers chiffres de l'IAE. Fin juin 152 770 personnes seraient en parcours d'insertion, représentant + 20 000 emplois entre janvier et juin de cette année. Le FDI 2020 a permis le soutien de 2 300 projets, à hauteur de 118 millions d’euros pour un objectif de 34 000 créations d’emploi dont 22 000 au titre de 2021. Pour le FDI 2021 1755 projets ont été déposés, dont 1 171 déjà conventionnés et 290 encore en cours de notification. Par ailleurs, 20 M€ ont été délégués aux services déconcentrés notamment pour les cas de compensation des effets de la crise.
Concernant les difficultés de recrutement, une enquête nationale a révélé que l'ensemble des SIAE éprouvaient des problèmes de recrutement et particulièrement les AI dont 93% expriment cette difficulté.
Pour le réseau Coorace, la réunion a été l'occasion de revenir sur plusieurs points d'alertes martelés depuis plusieurs mois et de faire des propositions concrètes:
1. Sur les difficultés de recrutement au sein des filières en tension :
- Contrairement aux idées récemment développées, faisant peser la responsabilité du chômage de masse sur les chômeurs eux-mêmes, le nombre d’emplois vacants reste très largement inférieur au nombre de demandeurs d’emploi : si on s’en tient aux chômeurs de catégorie A (sans aucune activité), il y a aujourd’hui un poste vacant pour treize chômeurs. En élargissant aux demandeurs d’emploi au sens plus large (avec les chômeurs de catégorie B et C), on arrive à un poste pour 22 demandeurs d’emploi.
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Pour Coorace, les problématiques de recrutement ne peuvent exclusivement peser sur les chômeurs eux-mêmes : les entreprises et leur mode de recrutement ont également leur part de responsabilité. L’ensemble des entreprises recrutent en usant de prérequis fondés sur la croyance que seul un diplôme permet de valider les compétences d’un salarié. Fort d’une pratique issue du terrain et tirée de la coopération sur les territoires, Coorace a constaté que la problématique de l’emploi pouvait également provenir d’une inadéquation entre l’offre et la demande d’emploi. C’est pourquoi nous avons développé le projet Vita Air : En permettant un véritable diagnostic territorial des besoins en compétences des entreprises, VITA AIR met en adéquation l’offre et la demande. L’accompagnement des entreprises dans leur processus de recrutement leur permet une prise de conscience sur leurs réels besoins en compétences pour pourvoir le poste.
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Il est nécessaire de travailler à la revalorisation de ces métiers en tension et de lutter contre la précarité de certains d’entre eux. Coorace fera des propositions fortes dans le cadre de son Congrès les 25 et 26 novembre à Lille.
- Se spécialiser dans les filières en tension et développer la méthodologie RH nécessitent pour les SIAE et leurs salariés permanents et en parcours d’être formés à ces nouveaux métiers. Or aujourd’hui, l’accès à la formation pour les salariés permanents est bloqué par un manque d’accès aux financements de la formation professionnelle. Pour Coorace il est nécessaire d'ouvrir les financements du plan de développement des compétences des - de 50 ETP à l'ensemble des SIAE.
2. Sur les difficultés de recrutement dans l'IAE :
- La progression des entrées est différentielle : 45.5 % pour les ETTI atteignant 18 770, de 21 % pour les ACI avec 83 166 entrées, de 20.5 % pour les EI, avec 24 406 entrées alors que pour les AI on constate une très légère baisse de 1 % et 33 238 entrées.
- Des problèmes de prescriptions, de mobilisation des prescripteurs et de la qualité de leur prescription : Les nouveaux prescripteurs habilités ne savent pas tous qu'ils sont devenus prescripteurs, sont peu connaisseurs du rôle de l’IAE et des différences entres les outils et mériteraient d’être formés à leur rôle, à l’IAE, à la qualité d’une prescription et être accompagnés pour rencontrer les acteurs de l’IAE de leur territoire. C'est pourquoi Coorace a travaillé une formation à leur destination, qui a été présentée à la DGEFP et qui attend d'être financée.
- Un problème de désengagement du rôle de Pôle Emploi dans certains territoires.
- Une acculturation à l'auto-prescription qui nécessite la mise en place de process et un investissement en temps et en financement. Cela nécessite d’embaucher des salariés permanents en charge de trier les candidatures sur la plateforme et cela à un coût non négligeable. Certaines SIAE doivent faire un choix draconien entre un chargé de développement commercial et un chargé de recrutement.
- Des critères d’éligibilités à l'IAE non adaptés à certains territoires et à l’après crise du covid : on constate une évolution dans les profils des personnes exclues de l’emploi. Une partie d’entre elles sont de plus en plus éloignées de l’emploi et nécessite un accompagnement social renforcé et une autre partie ne rentre pas dans les critères d’auto-prescription car est au chômage depuis la crise du covid, a moins de freins à l’emploi mais nécessite un accompagnement vers une reconversion. Il faut donc adapter les critères aux évolutions des profils des chômeurs et en fonction des territoires mais également accompagner financièrement les SIAE pour recruter au-delà de leur première couronne d’implantation.
- L’impact de la réforme qui déstabilise les AI et une aide au poste trop faible : Coorace fera des propositions dans le cadre du débat budgétaire pour 2022 et lors de son congrès.
- L’accroissement de l’IAE et l’implantation de nouvelles SIAE sans diagnostic préalable : Coorace avait déjà alerté Madame la Ministre sur ce phénomène, par un courrier officiel fin septembre resté à ce stade sans réponse.
Une prochaine réunion fixée avec la cabinet de la Ministre et les prescripteurs habilités aura lieu le mardi 26 octobre.