Et si les subventions qui viennent en aide aux plus défavorisés permettaient finalement de gagner de l’argent ? C’est en tout cas le résultat d’une étude réalisée par Ashoka, le plus grand réseau mondial d’entrepreneurs sociaux.
Menée auprès de dix entrepreneurs sociaux qui interviennent dans des domaines divers (chantiers d’insertion, épiceries solidaires, prévention de la dépendance, etc.), l’enquête s’est attachée à calculer la rentabilité de l’argent public investi dans ces différentes initiatives et à évaluer les coûts évités pour la collectivité. Résultat : « le cumul des économies réalisées et des revenus engendrés est systématiquement supérieur à l’argent investi ».
Le bénéfice cumulé pour les dix cas étudiés est supérieur à 50 millions d’euros en 2010 : réduction des allocations chômage, du rSa, des dépenses liées au surendettement, aux problèmes de santé, à l’hébergement d’urgence, versement de charges patronales et d’impôts pour les collectivités…
Deux exemples concrets à l’appui :
* Pour Actavista, qui organise des chantiers d’insertion pour réhabiliter des bâtiments historiques, « la différence entre les bénéfices (perception des charges patronales et taxes, allocation chômage évitée) et les subventions versées (contrats d’insertion) permet d’économiser en moyenne 8 000 € par salarié, ce qui représente un retour sur investissement moyen de 60% ». Selon l’étude, si l’activité d’Actavista était étendue, elle pourrait concerner 5 000 salariés et ainsi permettre 45 millions d’euros d’économies pour la collectivité.
* Le Groupe Siel Bleu est une association spécialisée dans la prévention de la dépendance par une activité physique adaptée. En s’intéressant uniquement à deux pathologies (les chutes et le diabète de type II) l’étude conclue à une économie de 15 milliards d’euros sur 3 ans. Au-delà des bénéfices purement économiques, l’étude salue les bénéfices qualitatifs : âge de la dépendance repoussé, apaisement social, meilleure santé des moins favorisés…
Fort de ce constat, Ashoka invite les candidats à la présidentielle à prendre de réels engagements sur l’entrepreneuriat social :
- mettre les moyens pour le développer car « il y a un réel retour sur l’investissement »,
- faciliter la création et le développement des entreprises sociales,
- connecter l’entrepreneuriat social aux grandes entreprises, aux écoles et aux administrations
- s’inspirer des entrepreneurs sociaux pour reproduire leurs idées et ainsi réduire les déficits publics.
Ashoka tient cependant à rappeler que ces résultats encourageants pour l’entrepreneuriat social ne doivent toutefois pas faire perdre de vue le problème de départ : ces structures existent notamment pour pallier des manques. Elles sont adaptées à certaines situations, certains publics, mais ne doivent pas se substituer à une réelle politique de l’emploi et de la formation.