Le mercredi 26 juin dernier à l'IAE Paris-Sorbonne, le chercheur et maître de conférence Romain Slitine a récemment soutenu sa thèse intitulée « Entreprendre au service du territoire », une recherche novatrice qui explore l'entrepreneuriat de territoire comme une nouvelle forme d'entreprendre. Cette thèse, réalisée sur la base d’observations d’adhérents Coorace, met en lumière comment des dynamiques entrepreneuriales locales peuvent transformer durablement les territoires en impliquant divers acteurs locaux. Elle conceptualise la notion d’ « entrepreneuriat de territoire ».
« L’entrepreneuriat de territoire » : une nouvelle approche modélisée
Contrairement aux formes traditionnelles de l'entrepreneuriat, qui se concentrent principalement sur la maximisation des profits, et à l'entrepreneuriat social, qui vise à résoudre des problèmes sociaux spécifiques, l'entrepreneuriat de territoire se distingue par son approche territoriale et coopérative. Elle appréhende, sur un territoire défini, une transformation systémique des territoires (économique, écologique et sociale) par la coopération de l'ensemble de ses parties prenantes (entreprises, pouvoirs publics, acteurs universitaires, citoyenne.es...) impliquant du dialogue social et du "faire ensemble" par et pour les territoires. Ce modèle repose donc sur une vision du développement territorial à long terme, valorisant les ressources locales et les spécificités des territoires (géographiques, politiques, sociales…).
L’entrepreneuriat de territoire en écho au projet politique porté par Coorace
Ce nouveau concept d’entrepreneuriat de territoire développé dans la thèse de Romain Slitine fait écho très fortement au projet politique porté par Coorace et aux pratiques de ses adhérents, notamment les différents modèles de structures de l'IAE, les Groupes Economiques Solidaires (GES), les Pôles Territoriaux de Coopération Économique (PTCE) ou les projets d'Entreprises à but d'emploi (EBE).
Résumé de la thèse de Romain Slitine (source : iae-paris.com)
L’entrepreneuriat de territoire est un phénomène en émergence qui représente une dynamique particulièrement pertinente à l’heure d’une recherche de solutions face aux grands défis de notre temps.
Cette thèse propose un renversement de perspective dans l’appréhension de la relation entre l’entreprise et son territoire qui n’est plus conçu comme un moyen de développement de l’organisation, mais une finalité de l’action entrepreneuriale. Ainsi, l’entrepreneuriat de territoire englobe des dynamiques collectives dont l’objectif premier est la transformation économique, écologique et sociale durable du territoire par la coopération de toutes les parties prenantes (entreprises, pouvoirs publics, territoire).
À partir d’une immersion au sein du cas emblématique du groupe Archer (Valence-Romans), mais aussi à partir de l’analyse d’autres terrains en France et en Argentine, cette thèse par articles mobilise différents cadres théoriques (entrepreneuriat institutionnel, théorie de l’acteur réseau) pour répondre à la question suivante : Comment structurer une dynamique entrepreneuriale de territoire pour répondre aux enjeux locaux ?
La première partie explore les micro-fondations de l’entrepreneuriat territorial, tandis que la deuxième partie se penche sur la vision méso de structuration d’un « contexte habilitant » pour permettre à l’entrepreneuriat de territoire de se développer localement. Enfin, la troisième partie s’intéresse aux spécificités de la création d’entreprises de territoire autour de la notion d’agence collective.
Au-delà de l’approche traditionnelle axée sur la croissance économique, cette thèse propose une autre vision d’un entrepreneuriat « par et pour le territoire ».